Jamaïque
S’il fallait en un mot définir le rhum tel que le conçoivent les jamaïcains, ce serait probablement Overproof. Longtemps produit afin d’être vendu en vrac partout dans le monde, la majeure partie qui sera consommée sur place, le sera en blanc et d’un volume d’alcool avoisinant les 65%. Le rhum ambré étant plutôt destiné aux personnes aisées ou aux touristes. De ce fait et jusqu’il y quelques années, Appleton était la seule distillerie connue dans le monde sous son propre label. Désormais Monymusk, Hampden ou Worthy Park gagnent en présence sur le marché tant local qu’international. L’île possède à la fin du 18ème siècle plus de 1000 plantations et produit plus de dix millions de litres de rhum. Avec l’abolition de l’esclavage et le développement du sucre européen, ces chiffres vont lentement s’effondrer. Toutefois la méthode de production conservera son aspect traditionnel et si spécifique. Elle consiste au développement élevé des substances non alcooliques connues sous le nom d’esters, qui sont des composés organiques particulièrement odorants. Ils se développent durant la fermentation, du fait d’un processus impliquant l’ajout de résidus de fermentations précédentes, de vinasse, de levures sauvages et parfois de jus de canne, ainsi naissent les rhums heavy en Jamaïque. Aujourd’hui il reste 5 distilleries sur l’île. Appleton est probablement la plus connue, elle date de 1749. Elle est située dans la vallée de Nassau, elle est connue sous le nom de Wray & Nephew. Le domaine Worthy Park alors propriété de la famille Price commença à produire du rhum dès 1710. Sa production de rhum va s’arrêter en 1950, pour ne reprendre qu’en 2005. De plus en plus appréciée par les locaux grâce notamment à son rhum blanc overproof Rum Bar, la marque s’est faite une solide réputation chez les assembleurs, mais également chez les embouteilleurs indépendants. Long Pond est située depuis 1760 dans la région la plus reconnue historiquement pour sa production de rhum, Trelawny. Il faudra attendre sa toute récente histoire pour voir apparaître des embouteillages semi-officiels au style inimitable. De ces cinq alambics Vendôme, elle tire des rhums aux profils variés, allant de léger à extrêmement lourd et puisant. Hampden a été également fondée à Trewlany mais en 1756. Comme ses voisines, elle a longtemps produit du rhum pour l’exportation, en vrac. Toutefois le rapprochement avec l’embouteilleur italien Velier, l’a révélée sous son jour le plus pur au monde entier. Son nom est d’abord apparu dans la gamme Habitation Velier, avant que cela ne soit fait sous son propre nom avec deux versions qui ont marqué les amateurs de rhum, l’une à 46%, l’autre à 60%. Des profils typiques de ce qu’est capable de faire la Jamaïque, à la fois orienté sur les fruits exotiques très mûrs, la fumée, la saumure… Enfin Clarendon, connue sur le marché sous le nom de Monymusk, du nom de la sucrerie. Fondée en 1780, la distillerie fonctionne à la fois avec des pot-stills et des colonnes.