L'histoire de la distillerie Nikka et de Masataka Taketsuru
L'histoire de la distillerie Nikka et de Masataka Taketsuru

L’histoire de Nikka, est à la fois un roman d’amour et la naissance du whisky japonais. Celui qui en est le personnage principal est Masataka Taketsuru, né en 1894 à Hiroshima et issu d’une famille de producteurs de saké depuis le début du 18ème siècle. C’est avec l’idée d’améliorer ce produit qu’il entreprend des études en chimie organique. Durant cette période, il découvre le whisky et établit également des liens avec la société Settsu Shuzo, qui souhaite s’investir dans la production de ce spiritueux.

C’est cette même société qui finance le voyage en Ecosse de Mr Taketsuru, il étudiera à l’université de Glasgow. Il travaille ensuite au sein des distilleries, comme Hazelburn, ou Longmorn pour apprendre l’art de la distillation sur pot-still comme sur colonne Coffey, mais aussi celui de l’assemblage. En 1920, il se marie avec Jessie Roberta Cowan, plus connue sous le prénom Rita. À la fin de cette même année, ils rentrent tous deux au Japon, où malheureusement l’après-guerre a plongé le pays en récession. Settsu Shuzo ne sera pas en mesure de faire aboutir le projet dans lequel elle a investi.

Toutefois en 1922, une autre société, connue à ce jour sous le nom Suntory, engage Mr Taketsuru afin de développer une distillerie à partir d’une feuille blanche. L’année suivante verra la création de la première distillerie de whisky japonais, Yamazaki, totalement pensée et dirigée par le premier maître distillateur du pays. Une petite dizaine d’années plus tard, il quitte Yamazaki et fonde sa propre distillerie. Il trouvera l’endroit idéal à Yoichi, près de Hokkaido, là où le climat est proche de celui de l’Ecosse et où les sols sont riches en tourbe, nous sommes alors en juillet 1934.

Les premières gouttes de whisky couleront en 1936, d’alambics conçus par M. Taketsuru, sur base de ceux de Longmorn. Le vieillissement étant de trois années minimum, la société produira de l’alcool de pomme afin de survivre et de rémunérer ses employés. Fin 1939 sera commercialisée la première version du Nikka Whisky et la distillerie prendra le nom de la ville de Yoichi. Jusqu’à sa mort en 1979 à l’âge de 85 ans, la marque n’aura de cesse de progresser.

Durant les années 50, la société prendra officiellement le nom de Nikka, qui est la contraction de Nippon Kaju, difficile à traduire, mais qui associe le terroir japonais et ses fruits. En 1969, il implante une seconde distillerie « Miyagikyo », cette fois à Sendai. Le climat, la taille et le fonctionnement des alambics, le processus de distillation, tout cela est pensé autrement, afin de produire deux whiskies différents, mais qui puissent se marier dans les différents assemblages de la marque. C’est par ailleurs au sein de Miyagikyo qu’est installée en 1999 la première colonne de type Coffey, afin de débuter la distillation de whisky de grain. C’est son neveu Takeshi Taketsuru, adopté par le couple après le décès de son père et qu’il considère comme son propre fils qui prend le relais.

Aujourd’hui, Yoichi possède six alambics à chauffe directe, sa tonnellerie et sa source d’eau. Elle dispose également de réserves de tourbe et profite d’un climat typique du nord, plus frais, voir rigoureux. Quant à Miyagikyo, basée sur l’île de Honshu, elle profite d’un climat plus doux. Elle est équipée de huit pot-stills, ainsi que de deux colonnes Coffey, dont la première provient d’une ancienne distillerie de grain appartenant au groupe, Nishinomiya.

Ces dernières années le marché a beaucoup évolué et la marque a depuis 2015, presque totalement abandonné les éditions avec notions d’âge, pour se consacrer aux non âge statement, l’argument étant la pénurie de stocks de vieux whisky. Bien entendu cette nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans le milieu des collectionneurs et les prix se sont heurtés à cette marche devenue infranchissable de l’offre et de la demande.

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